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Le café de l'espace à Flayat © Région Nouvelle-Aquitaine

A Flayat (Creuse), le Café de l’espace, un lieu hybride aux activités multiples, est aussi une belle salle de spectacle. Il rassemble tous les publics, rayonne bien au-delà du département et bouillonne de projet.


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Le café de l'espace © Région Nouvelle-Aquitaine

La vie qui bourdonne

De l’extérieur, il a l’air aussi calme que les rues de Flayat le Café de l’espace. Une belle façade en pierre de taille, comme toutes les maisons anciennes du village, une petite enseigne de bistrot de village et juste à côté, le relai postal. En face, le bar d’été, la Guinguette, et un bout de jardin qui attend d’être transformé en potager partagé. Mais à l’intérieur, le café bourdonne de vie.

Les élèves de l’IME d’Aubusson, à 30 kilomètres de là, sont venus pour un atelier jardinage. Ils sont une petite dizaine à investir le lieu. Menthe à l’eau et goûter autour du jeu vidéo façon année 80 et contemplation fascinée du groupe qui se prépare pour le concert du soir. Au comptoir, Gwen distribue les boissons et les morceaux de cake. De temps à autre, la sonnette du relais postal retentit. Alexandre descend depuis les bureaux de l’étage pour servir un client. Depuis l’an dernier, le café a repris les activités de la Poste du village. L’étage du café est dévolu aux bureaux. Deux grandes pièces accueillent les deux salariés de l’association Pays’Sage, la permanence devenue occasionnelle du club de foot – qui a perdu son emploi aidé – et les administrateurs et salariés du café. C’est une journée normale de semaine au Café de l’Espace.


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Le café de l'espace © Région Nouvelle-Aquitaine

Un café où il fait bon jouer

Le soir sera un peu plus animé avec le concert de Clara. « C’est la seconde fois qu’elle passe ici » précise Raphaël, coordinateur de la programmation. Le café de l’Espace fait partie des bars où il fait bon jouer – un guide informel renseigné par les artistes eux-mêmes. « Les groupes viennent chez nous par engagement » explique Raphaël. « On les loge, on les nourrit bien et l’ambiance est toujours bonne ». Alors, avec son budget concert à 20 000 euros l’année, le Café arrive à avoir des groupes qu’il n’aurait jamais les moyens de payer et peut afficher plus de 40 concerts à l’année. Raphaël reçoit une centaine de demandes de groupes par semaine. Le café de l’espace est devenu un lieu avec lequel il faut compter dans le paysage culturel creusois.

Changement de dimension

A l’automne 2015, il ne comptabilisait encore qu’une petite dizaine de concerts par an pour 70 000 euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, il faut ajouter une centaine d’animations aux concerts, des débats et des soirées à thème. « Comme la soirée plage » explique Raphaël. « En plein hiver, on était entre 80 et 100. Il y avait 2 tonnes de sable étalées dans le bar, le chauffage à fond, des transats et des cocktails. » Ca résume bien l’ambiance toujours festive du café « qui part de nos envies ». La programmation des activités s’élabore aussi avec le Cada (centre d’accueil de demandeurs d’asile) voisin, l’Ehpad ou la maison d’assistantes maternelles qui sont des usagers réguliers.

Aujourd’hui, le budget atteint les 140 000 euros. En quelques années, salariés et administrateurs ont opéré un vrai changement de dimension. Le Café est devenu le principal employeur du village qui ne compte plus qu’une épicerie, un apiculteur, le siège social d’une société de cosmétique naturel et Huguette, 87 ans, qui tient toujours son bar et fait restaurant quand on l’appelle.

Quatre cents personnes viennent régulièrement au Café, parfois de plus de 50 kilomètres. Autour du lieu gravitent une vingtaine de bénévoles avec un noyau dur très actif « qu’on peut mobiliser en urgence » se félicite Raphaël. Comme ce soir mémorable de mai où Manu Chao s’est arrêté sur un trajet entre Paris et Barcelone. Le chanteur avait été touché par la démarche du lieu. « On a dû envoyer des SMS pour dire aux gens de ne pas venir. Finalement, on a réussi à n’être que 400 ! Manu Chao est resté toute la nuit après un concert de 3 heures. »


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Le café de l'espace © Région Nouvelle-Aquitaine

Une histoire de copains

« Le café, c’est une histoire de copains » se souvient Jacques, un des dix administrateurs de l’association. L’histoire du lieu a commencé il y a 15 ans. Paulette tenait le bar-hôtel-restaurant du village depuis toujours. Elle voulait partir à la retraite mais ne trouvait personne. « Pour que le lieu continue à vivre, on a décidé de le reprendre. On venait tous du club de foot de Flayat. » C’est comme cela que l’association a été montée dans la foulée. « Ici, quand on veut que quelque chose se fasse, on crée une asso et on le fait » résume Jacques comme une évidence.

Alain Fauriaux, maire de l’époque, était un des instigateurs du projet. Il décède un an après la reprise. Ses copains décident alors de donner son nom au lieu qui devient Espace Alain Fauriaux. « Mais comme c’est un peu long à dire et que le café est central dans les activités de l’association, c’est très vite devenu « le Café de l’espace » explique Jacques.

Des soutiens

Depuis que le Café a repris le bureau de Poste, la fréquentation a doublé et l’été, les touristes s’en servent parfois comme d’un point d’info touristique. « On s’est posé pas mal de questions » explique Raphaël. « Mais il était impossible de faire rouvrir le bureau et personne d’autre ne pouvait le reprendre dans le village. La convention avec La Poste nous rapporte près de 1000 euros par mois, ce n’est pas négligeable dans notre bilan financier. » Pour que le budget tienne, l’association est obligée aux calculs savants. La Caf, qui a labellisé le Café Espace de vie sociale, est un puissant soutien. La Région, à travers la convention Tiers-lieu, est également un des principaux financeurs (60 000 euros sur 2 ans). Une nouvelle aide de 10 000 euros, fléchée sur le fonctionnement, va donner un peu d’air cette année.

Les projets

Au fil des années, le maillage se poursuit avec les autres structures du département. Tous ont pour objet la coopération entre des acteurs un peu dispersés, mais qui font beaucoup pour leur territoire. Les réseaux ont pour nom Solima (schéma d’orientation des lieux de musiques actuelles), Aliso (réseau creusois des acteurs du lien social) ou Tela (réseau des tiers-lieux creusois). Le projet de faire labelliser un premier Smac (label national « scène de musique actuelle ») creusois « à plusieurs » fait son chemin. Et dans le village, le nouveau conseil municipal est enthousiaste pour lancer avec le Café le projet de rénovation de l’ancienne Poste pour une extension des activités avec atelier, gîte de groupe et lieu d’accueil. Le Café de l’espace ne semble pas prêt de quitter son orbite.


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