Mission du conseil scientifique et attribution de l’appellation « musée de France » par le Haut conseil des musées de France.
Par arrêté du ministre de la culture en date du 20 décembre 2018, l’appellation « musée de France » est attribuée au « MuMa – musée de Mayotte » (Mayotte) – JORF n°0020 du 24 janvier 2019 – Texte n° 26 – Article L. 442-1 du code du patrimoine.
Une mission en métropole en soutien au projet du MuMA
Le Conseil Départemental de Mayotte a organisé deux événements majeurs pour le Musée de Mayotte (MuMA). Il a réuni le 2ème Conseil scientifique (CS), parrainé par le Mucem à Marseille, les 20 et 21 novembre 2108, pour faire le bilan des actions menées depuis 2016 et en étudier les perspectives 2019-2021, notamment le projet muséographique.
Et fort des conclusions positives qui en sont sorties et du soutien du Mucem, M. Soibahadine IBRAHIM RAMADANI, Président du Conseil Départemental, assisté d’Abdoul-Karime BEN SAID (Directeur du musée) a défendu l’appellation « musée de France », devant le Haut conseil des musées de France le 23 novembre 2019.
Une organisation pluridisciplinaire et experte
Le Département a mis en place un Conseil scientifique (CS), organe consultatif, Installé en février 2016 et présidé par Michel Colardelle, conservateur général du patrimoine honoraire, agissant comme conseil auprès du Président du Conseil départemental, à titre bénévole. Cette instance réunit des personnalités représentant des disciplines qui intéressent le musée, ou des institutions partenaires. On y trouve ainsi des spécialistes en archéologie, ethnographie, patrimoine, muséologie, musicologie, sémiotique, linguistique, histoire, spiritualité, sciences naturelles, le CUFR, etc.
Étude du rapport d’activité
Lors des séances de travail, étalés sur deux jours, les membres de cette organisation pluridisciplinaire, se sont plongés sur le rapport d’activité présenté par le Directeur du Musée de Mayotte, sur les actions menées depuis 2016. Ils ont non seulement étudié les différentes politiques menées, mais aussi leur déclinaison en termes d’actions dans les acquisitions, la gestion des collections, les expositions et l’accueil de publics, notamment la programmation culturelle de l’établissement et la fréquentation.
Le conseil scientifique a pu apprécier la montée en puissance du Musée, par une activité progressive et continue, qui s’améliore au gré de l’acquisition de nouvelles compétences, réinvesties dans le projet, les immersions ou les formations théoriques reçues par l’équipe, mais aussi grâce à de nouveaux recrutements.
Le musée a pu mettre en avant ses actions de préfiguration qui ont permis d’exposer 14 thématiques sur le patrimoine mahorais naturel et culturel, et inauguré 4 expositions.
De façon plus générale, le travail a consisté à choisir des thématiques emblématiques du patrimoine mahorais, les enquêter, collecter les objets associés, les étudier, les exposer et proposer un programme d’animation, mobilisant l’ensemble des acteurs, appartenant ou non au musée.
Cette méthode a exigé une cohérence entre toutes les dimensions évoquées. L’ensemble des activités techniques nécessaires a constitué un champ de formation pratique, d’expérimentation permanente aussi bien pour la partie invisible du travail du musée que pour sa partie visible, celle de la médiation publique qui a, de surcroît, permis de révéler l’intérêt des Mahorais pour leur patrimoine.
Validation du fonds constitutif des collections
En l’absence d’une commission régionale d’acquisition, l’une des missions assignées au CS est d’en jouer le rôle. Ainsi, il a passé en revue le fonds constitutif proposé par le MuMA et, à la suite d’un débat, validé la plupart des propositions faite, depuis 2014.
Environ 1700 objets et groupes d’objets ont été retenus. Ceux-ci doivent faire l’objet d’un inventaire « normalisé », à partir de « Collective Access », un logiciel homologué par le Ministère de la Culture. Dès qu’il sera inscrit dans l’inventaire, ce fonds constitutifs devient alors inaliénable (non cessible) et imprescriptible (trésor national). Par cela, Mayotte contribue aussi au Trésor patrimonial national.
Quant au fonds archéologique, il fait l’objet actuellement d’un projet de transfert de propriété avec l’État.
Validation du pré projet muséographique
Le dernier conseil scientifique du MuMA a aussi abordé l’avant-projet muséographique proposé pour étude par Colette Foissey, Conservateur en chef du patrimoine, mise à disposition par la Direction adjointe du Patrimoine du Ministère de la Culture.
Le CS a validé le principe l’organisation du projet avec plusieurs espace thématique : un espace « nature », une passerelle « navigation », un espace « nature exploitée », un espace « temps et gens » et un dernier espace « spiritualités et oralité ».
Audition devant le Haut des musées de France
A l’issue des étapes évoquées et fort du soutien du Conseil scientifique sur l’obtention de l’appellation « Musée de France », le Président du Conseil départemental, assisté du directeur du Musée, a défendu cette distinction devant le Haut Conseil des Musées de France. C’était le 23 novembre 2018.
Il était alors question, non seulement de convaincre sur les enjeux liés au musée de Mayotte, mais aussi sur les réalisations depuis la création du musée, dans la phase de préfiguration.
Cette distinction, qui a été accordée le 24 janvier 2019 (voir Arrêté du 20 décembre 2018 attribuant l’appellation « musée de France » en application de l’article L. 442-1 du code du patrimoine – JORF n°0020 du 24 janvier 2019 texte n° 26), marque l’entrée du MuMA dans le droit commun, la reconnaissance par l’Etat, au-delà du musée, d’une culture et d’un peuple peu connus.
Elle donne un nouveau souffle au projet, conforte les responsables politiques qui ont fait courageusement, parmi d’autres urgences sociales, le choix de la priorité du musée.
L’entrée du musée de Mayotte dans la prestigieuse famille des Musées de France, est une chance pour les Mahorais, pour leur culture et pour la culture de la France !
Lien ELI :
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/12/20/MICC1900045A/jo/texte